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Association TAKORO DUNIA
7 mai 2011

Le dispensaire de Gawdé Bofé

 

 

* Le Dispensaire de Gawdé Bofé *

 

La_file_d_attente_pour_la_consultation_gratuite_au_dispensaire_durant_le_festival_Bamtaar__Lawr__Gawd__Bof____Avril_2010

Journée de consultations gratuites au dispensaire

 

Gawdé Bofé est un petit village d’environ 700 habitants. Il se situe au Sénégal, dans la région de Matam et dans le département de Kanel, à plus de 800 km de la capitale, Dakar ! Le nom ancien de la région où il se situe se nomme le Fouta et la sous-région le Damga. Le Fouta est la région la plus anciennement peuplée du Sénégal, c’est par-là que se disperseront l’ensemble des Peuples du Sénégal : Wolofs, Sérères, Peuls, Toucouleurs … c’est aussi l’une des régions les plus isolées du fait de la distance qui la sépare de la capitale et de son oubli par les autorités politiques du pays. La majorité des infrastructures éducatives et sanitaires sont financées par les ONG et les ressortissants des villages qui vivent et travaillent en France, aux Etats-Unis, mais pour la grande majorité, au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Cameroun … etc.

 

 

Village_de_Gawd__Bof____D_partement_de_Kanel___R_gion_de_Matam___Fouta

 Village de Gawdé Bofé

 

Gawdé Bofé est un village où il est difficile d’accéder car il n’y a pas de route goudronnée pour s’y rendre. Il faut prendre la route nationale puis s’arrêter dans un petit village nommé Bondji, là il faudra attendre la charrette des habitants de Gawdé, puis partir dans le Diéri, les terres du Fouta, sur une piste sableuse. Après de nombreux nids de poule, des vaches qui nous font obstacle sur le trajet et après avoir salué les marcheurs sur le bas-côté, on aperçoit au loin quelques cases en banco et en bois qui flirtent avec les maisons plus confortables en ciment, il me semble que nous sommes arrivés au village de Gawdé Bofé, au milieu de nulle part. Mais même au milieu de nulle part, la vie existe belle et bien …

 

Gawdé Bofé est doté d’un vieux poste de santé construit en 1983, mais celui-ci est resté fermée un bon nombre d’années suite à des problèmes de gestion. Aujourd’hui, après avoir été rénové en 2008 et qu’une maternité, des latrines ainsi qu’un logement de fonction pour l’infirmier ait été construit, les services de santé du village fonctionnent correctement malgré le manque de moyens.

Le poste de santé dépend du district sanitaire de Kanel, ville départementale à environ 100 km, et de son médecin chef Bayal CISSE. Les dispensaires villageois ne servent pas uniquement aux villages dans lesquels ils sont implantés, mais à toute une zone qui peut comprendre entre 10 et 20 villages.

Le poste de Santé de Gawdé Bofé est quant à lui fonctionnel pour 12 villages : Gawdé Bofé, Gawdé Wambabé, Bondji Wali, Bondji Sebbe, Bondji Ndjobo, Gourelgueda, Thiawalol, Kawal, Niarwal, Alana, Tata Bathily, et Koyninguel,

Le plus éloigné se situant à 30 km dans la brousse.

 

 

 

Maternit__de_Gawd__Bof_

Maternité de Gawdé Bofé

 

 

Les_Latrines_du_dispensaire

Les latrines du dispensaire

 

 

Le_dispensaire

Le dispensaire de Gawdé Bofé

 

 

Le dispensaire permet aux populations de bénéficier de soins sauf pour les cas sérieux qu’il faut référer à des centres de santé ayant un plateau technique et des spécialités en la matière, notamment à l’hôpital de Bakel, à 30km ou d’Ourossogui, à 150 km. Il est doté de latrines couvertes sans point d’eau, ce qui cause de véritables désagréments pour les malades. En termes de consultations et compte non tenu des consultations pré et post-natales, les statistiques révèlent 1063 cas en 2006, 1245 en 2007 et 1131 consultations en 2008.

 

L’équipe qui travaille au dispensaire est au nombre de trois : Benoit DIOP, l’infirmier chef de poste, Rugy KAME, la matrone, et Panda NIANE, l’Agent de Santé Communautaire (ASC)

 

Benoit DIOP est infirmier d’état et travaille à Gawdé Bofé depuis 5 ans même s’il n’est pas originaire du village mais de Thiadiaye, un village à plus de 1000 km.

 

 

Benoit_Diop___Infirmier_chef_de_poste_de_Gawd__Bof_

Benoit DIOP, Infirmier Chef de Poste

 

 

Rugy KAME est quant à elle née au village et a été formé pendant 6 mois par le district de Kanel pour devenir matrone. Les matrones sont présentes dans tous les villages et permettent de pallier au manque de sage-femmes. Rugy a ainsi été formé afin de pouvoir réaliser les accouchements et les soins de base, mais en vérité, elle sait presque tout faire car les urgences ne laissent pas le choix que de se former « sur le tas ».

 

Panda NIANE est l’ASC du dispensaire, Agent de Santé Communautaire. Elle s’occupe de rendre le dispensaire propre, d’accueillir les patients, de prendre leur carnet de santé et les diriger vers Rugy ou Benoit. Elle se charge aussi de garder les enfants lorsque les femmes viennent consulter !

 

 

Campagne_de_vaccination___Gawd__Bof____Janvier_2010

 A gauche : Panda Niane ; à droite : Rugy Kame

en campagne de vaccination

 

 

Un comité de santé de 5 membres existe aussi avec un président, un vice-président, un trésorier et un trésorier adjoint, et un secrétaire. Les membres du comité proviennent de tous les villages qui dépendent de la zone de Gawdé Bofé. Des réunions ont lieu quotidiennement avec l’infirmier afin de gérer la trésorerie du dispensaire, de se concerter quant à d’éventuels travaux et de mettre en place les campagnes de vaccination.

 

Abordons maintenant les principaux problèmes qui concerne la santé dans la zone de Gawdé Bofé, et plus généralement dans toute la région du Fouta. Il est vrai que la santé progresse à grand pas au Sénégal, car même dans les territoires très reculés tels que Gawdé, le district sanitaire de Kanel met en place des campagnes de vaccination très régulièrement pour les nourrissons et les enfants afin de pallier au manque de vitamine, ainsi que des campagnes de distribution de moustiquaires toute l’année. Les vaccinations sont gratuites et les moustiquaires sont données aux populations. Les infirmiers du district se donnent rendez-vous à Gawdé Bofé puis ils partent dans les différents villages en prenant 3 ou 4 villageois pour les aider. Les campagnes durent en général 2 ou 3 jours ce qui permet de balayer toute la zone et que personne ne soit oublié. Avec le temps, les villageois sont habitués, et mis à part dans les villages très reculés (et parfois encore nomades) ou l’on peut rencontrer de la résistance et des doutes face à la vaccination, la sensibilisation a prouvé son efficacité et les infirmiers sont toujours très bien accueillis.

 

 

Campagne_de_Vaccination_avec_une_voiture_du_district___Gawd__Bof___Janvier_2010

 Chargement de la voiture pour une campagne de distribution de moustiquaires

 

 

Campagne_de_vaccination_en_charrette___Gawd__Bof____Janvier_2010

Départ en campagne de vaccination ... en charette

 

 

Les problèmes à Gawdé Bofé concernent les urgences, notamment les accouchements difficiles. Les villageois de Gawdé Bofé ont moins de problèmes car le dispensaire est dans leur village, mais les femmes qui viennent de 20 ou 30 km et doivent accoucher en urgence ont beaucoup plus de problème et c’est parfois catastrophique … pour les accouchements « compliqués », les infirmiers disent qu’il y a trois étapes :

 

-         Sortir de chez soi

-         Se rendre au dispensaire de Gawdé Bofé, parfois à 30 km du village d’origine

-         Si l’accouchement est compliqué, être évacué à l’hôpital le plus proche (Bakel à 30 km)

-         Une quatrième étape peut avoir lieu car parfois Bakel n’a pas les compétences ni les moyens nécessaires pour réaliser l’accouchement dans de bonnes conditions et on évacue la femme à Ourossogui (150 km).

 

Il faut savoir que tous les déplacements se font en charrette car il n’existe pas de voitures dans les villages, et que c’est parfois dans la nuit la plus totale. Du village d’origine au dispensaire de Gawdé Bofé, ainsi que du dispensaire à la route goudronnée, le moyen de transport est la charrette, ensuite, de la route jusqu’à l’hôpital, il faut arrêter le premier véhicule qui passe (très rare) et que le chauffeur accepte d’emmener la femme à l’hôpital, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas.

 

A Thiawalol, un village à 2 km de Gawdé Bofé, Ousmane GUISSE possède la seule voiture du village, il témoigne : « J’ai la seule voiture du village. Je suis très fatigué car je fais office d’ambulancier. Parfois on me réveille à 3 heures du matin et je dois prendre en charge les déplacements sur mes fonds propres. Bien sur, je ne peux pas refuser car ce serait non-assistance à personne en danger. Mais une ambulance est pour moi la priorité pour améliorer les services de santé dans la zone de Gawdé. Si l’ambulance arrive, une grosse partie des problèmes seront résolus. »

 

Après avoir fait la tournée des villages en 2011, nous avons recensé de nombreux cas de décès dû à des accouchements compliqués, et surtout lors de l’évacuation. Soit la femme décède en cours de route, sur la charrette ou dans l’ambulance de l’hôpital, ou l’enfant décède, souvent à cause des secousses de la charrette ..

 

Et tout ça à cause du manque d’une ambulance …

 

Photo_077

 Ambulance du poste de santé de Gawdé Bofé 

 Pharmacie_du_dispensaire

 Pharmacie du dispensaire

Salle_d_accouchement

Salle d'accouchement

Benoit_au_travail

Benoit au travail dans le dispensaire

Famille_Traor____Ba

Heureusement, le sourire des enfants ! 

 

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